Victoria • sweet dreams are made of this.

Un sourire sur les lèvres. Elle s'aventurait sur l'interdit. Nervosité. Adrénaline. Elle regardait chacun de ces visages qu'elle aurait pu dessiner à l'aveugle. Souvenir du réconfort qu'ils lui avaient toujours apporté. Aventurière, elle se frayait un chemin entre les objets qui se mirent à s'animer progressivement. Ses yeux à la découverte de chaque petit détail des différentes décorations. Ses doigts caressant les reliefs bordant chacun des ornements des chevaux. Elle tournait et tournait encore. Le rythme s’accélérait. Le vent s’engouffrait dans ses fins cheveux à la couleur des flammes, après avoir frôlé son lisse visage. Elle frissonnait au contact du souffle glacé de la nuit contre sa peau mais la complicité de cet instant suffisait à réchauffer son corps. Sa main tenant l'une des colonnes dorées du carrousel, elle tendit son autre bras vers le vide. Ses doigts jonglait avec le vent, comme si elle réussissait à le percer. Elle filait à vive allure, peinant alors à voir ce visage si familier. Ses yeux se levèrent vers le ciel étoilé qui lui offrait sa lumière. Le manège s'animait sous l'unique force de son grand-frère qui le faisait tourner, enclenchant alors le mécanisme. Les chevaux à la parure aux milles couleurs semblaient galoper en sa compagnie. Et puis, son rire. Un rire qui venait briser le silence de la nuit. Enfantin. Épanoui. Le sentiment d'être invincible. Il la rendait puissante. Une lueur étouffée prête à briller. Une flamme qui ne demandait qu'à être allumée et il était le feu, celui-là même qui s'embrasait sous ses pieds. Euphorique, elle lâchait prise. Le coeur ouvert à ce monde qui se dérobait. Le temps s'était figé pour capturer cet instant et le transporter vers une petite infinité. Peu à peu, le paysage autour d'elle dessinait ses contours avec netteté jusqu'à ce qu'elle puisse clairement le distinguer. Le tour de manège prenait fin. Mais son coeur tournerait encore et toujours. Ce souvenir gravé à jamais résonnerait telle une comptine d'enfance. Celle-là même qui lui chanterait qui elle est. Celle qui ne lui ferait jamais oublié ceux qui l'ont toujours révélé telle qu'elle était.


Ses paupières s’ouvrirent, clignant les yeux frénétiquement quelques instants. Les rayons du soleil intrusifs et matinaux à travers la fenêtre venaient néanmoins réchauffer sa peau, aussi chaleureusement et tendrement que les caresses de son amant. Basculant sa tête sur le côté, le coussin épousant parfaitement sa joue, ses yeux émeraudes balayèrent les courbes de cette silhouette encore endormie à ses côtés. Sans retenue mais le coeur prêt à rompre, ses doigts venaient se glisser le long de son dos, effleurant sa peau avec parcimonie mais aussi avec une certaine curiosité, bien qu'elle s'en était tant de fois délecter. Leur chemin se poursuivait sur la cambrure de cet homme jusqu'à la chute de ses reins, cachée par un simple drap blanc qu'elle jugeait de trop. Le bel endormi. Bel homme qui monopolise ses songes et enflamme son corps comme l'étincelle de son coeur à chaque fois que le soleil se montre en maître. Peau contre sa peau, sa chaleur est autant réconfortante que synonyme de plaisir. Souvenir de ces nuits de plaisirs où leurs lèvres s'entichaient. Une douce poésie aux rimes sulfureuses et flagrantes. Une alchimie déconcertante qui les plongent tous les deux dans une terrible danse charnel qui les enflammait. Elle était désireuse d'être possédée et enchaînée. Lui qui lui fait tourner la tête. Lui qui la fait vaciller. Ses doigts s'éloignent, suivi de la belle brune qui s'éclipse aux premières lueurs de l'aube. Une ritournelle qui revenait chaque été, mais celui-ci aura été le dernier...