riona • dans tes yeux l'enfer semble si beau.

1 Quelques heures, quelques jours ? Personne ne savait quand le pompier avait déposé ses opales sur ce berceau en osier, abimé de toute part, avec une couverture en laine déposer pour te protéger du mordant du temps hivernal, un prénom brodé, Riona. Ce prénom est la seule chose qui te rattache à un passé fantôme, tu as toujours hésité à vouloir savoir, imaginant petite qu’un jour elle ou même tes deux parents viendraient te chercher, que ce n’était qu’une maudite erreur. Mais à force que les années glissaient, tu avais comme comprit que c’était toi l’erreur, envouté par les espoirs de ta tendre âme rêveuse par une vie de bonheur.  2 de foyer en foyer, de famille en famille. Plus ou moins bonne. L’avant dernière fût celle qui creusa en toi, cette maudite peur, celle de l’abandon, celle de tes maux. Tu avais fini par développé des tocs, l’envie d’être parfaite, l’angoisse d’être encore échangé, donné à une autre famille. Celle-ci n’était pas parfaite, tu n’étais qu’une manœuvre bon marché, on te nourrissait un peu, laissant parfois entendre que tu étais déjà bien trop en chair, tes journées étaient répétitives et chaque mouvement tu les dosais, pour être la plus parfaite. Tout mettre en ordre, avoir un environnement parfait sans lever le moindre petit doigt, vous étiez les servantes avec Sasha, la seconde fillette qui était avec toi. A vous deux vous étiez une famille, elle n’avait qu’un ou deux ans de plus, tu n’en es même pas sûre, car ce n’était pas important pour vous. Tout était parfait, malgré l’épuisement de votre rigueur chez ce couple à la cinquantaine. Tu ne pensais pas qu’un jour tout changera. L’homme chutant dans les escaliers, un fauteuil roulant au vu d’un dos bien trop abîmé, ce fût ta vie qui fût balayé en quelques secondes. Une nouvelle maison. Une nouvelle vie, qui n’allait durer que quelques temps avant d’avoir le droit à un bout du soleil. 3 la nouvelle famille, n’était qu’un endroit de plus, où tu n’étais pas comme il faut. Pas à leur goût, trop sensible, pas assez forte, trop disgracieuse à leurs yeux. Assez bonne pour le ménage, pour le reste, alors que tu n’étais qu’une enfant. Turbulente, peureuse, bien trop étourdie pour être celle qui restera dans cet endroit. Tu avais fini à la porte à attendre à nouveau l’assistante sociale qui allait encore devoir te poser quelques parts. Des mots doux, une voix emprise de douceur, elle était souvent la bouée de sauvetage dans ta vie, un foyer, avant de te trouver quelques choses de bien. Les os sur la peau qu’elle avait dit, alors que tu te trouvais trop moche, trop horrible pour être vu. Solitaire, cette solitude qui te faisait mal, mais tu hésitais à t’attacher aux autres avant d’être abandonné. Encore. Un triste destin qui avait l’air de coller à ta pauvre carcasse.4 t’accroches à personne et quand tu pensais pouvoir faire confiance, tu donnais tout pour qu’on t’aime pour que tu sois à la hauteur de l’affection que tu désirais. Tu ne pensais pas que les miller seraient les derniers, qui soient le phare, cette lumière qui pourra réchauffer ton être quand la solitude brisera tes côtes. Des débuts silencieux, ne pas parler, ne pas se laisser approcher, ne pas faire la faute qui te ferais voler ailleurs. Une famille différente, bien plus que par sa composition, ils étaient chaleureux, cherchant ta compagnie, ce qui brisait ton myocarde, car tu avais peur, la peur de te laisser aller, te laisser aimer, s’attachant avant d’être à nouveau brisé. Petite fille en manque d’amour ,qui ne rêvait que de ça, mais qui n’avait pas su comprendre qu’elle pouvait être à la hauteur. Des mois à lutter contre ton mutisme, ton envie d’être parfaite, répétant ces gestes au quotidien, être la mieux possible dans toutes les tâches. Tu avais tout donné, laissant les mots sortir petit à petit, lâchant prise parfois, brisant les règles gravées en toi, tout en essayant de maitriser les choses, ne pas laisser échapper tes pensées, ton corps ou ces gestes à présent récurrent, te laissant avec ces maudits toc te touchant de toute part. Tu ne pensais pas qu’en arrivant dans le bureau de l’assistante sociale, le sourire dansant sur son visage, alors que tu avais l’air dépité. Tu ne comprenais pas les interrogations, tu pensais que c’était la fin de cette belle aventure de presque un an, mais tout au contraire. Ils voulaient t’adopter t’avoir pour toujours, te laisser grandir avec l’amour que tu méritais.5 l’adolescence entourée d’amour. Une famille, tu prenais encore tes marques, essayant de lutter contre tes pensées, tes gestes qui te rendaient la vie impossible. Calculant mentalement et approximativement ce que tu mangeais, passant de crise d’anorexie à des crises de boulimies, sautant les repas, te goinfrant à un autre durant ces crises d’angoisse, à chaque dispute, à chaque instant d’insécurité que tu ressentais.  Tu avais besoin de te sentir aimer et en sécurité, on te donnait ça à la maison à présent, malgré les disputes entre frères et sœur pour des broutilles, toi qui prenais pour donner ailleurs quelques objets, car tu avais ce besoin, pensant qu’acheter l’amour des uns et des autres étaient ce qui te rendraient heureuse.  6 premier travail, pour payer tes études, aider tes pères à payer ce rêve qui s’était développé en toi, l’envie de devenir médecin, chirurgienne, loin d’imaginer que tu voulais juste être parfaite aux yeux des autres encore. Tu t’en demandais toujours plus, jusqu’à ce que cette envie d’être si parfaite ne t’emmène dans un chemin bien plus épineux. L’hôpital, en urgence. Tu forçais un peu plus sur ta carcasse, n’ayant aucune once de gras, juste l’épiderme soudé à tes os. Tu avais touché le fond, il était temps que tous parviennent à t’aider et toi que tu acceptes ce qu’eux avaient parfois vu. Cette façon de sauter les repas, par manque de temps à tes dires, de frotter les assiettes dans l’eau jusqu’à te faire des crevasses, à être parfaite même durant tes études de médecine, bien trop, beaucoup trop. Un an de ta vie enfermé dans un centre d’aide, un an à avoir la visite de ta famille, parfois un après un, tu comprenais tout le mal que tu te faisais, mais que tu leurs faisais en étant si mal. Des tocs que tu ne pouvais contrôler, comme celui d’avoir pour offrir, au détriment parfois de ton être et des autres . de l’argent brûlant tes mains, quand tu en possédais, ce besoin d’acheter, d’avoir pour donner, encore, comme ci ces objets , ces offrandes n’étaient que l’extension de ton myocarde. 7 deux ans avant de reprendre des études, pensant que tu étais assez stable pour reprendre le cours de ta vie, étonnante jeune femme de vingt ans, tu avais décidé de retenter les études de médecine, pour aider les autres. Mais, beaucoup trop de stresse, d’angoisse de tout rater, te replonger dans des abysses où tu ne devais pas replonger. Alors, tu avais tout plaqué, peiné, par l’argent que tu avais fait dépenser à ta famille, le temps aussi. Alors, que tu ne savais pas où aller, ce fût comme une évidence en passant devant cette caserne, la même qui t’avait donné un peu d’espoir, un peu de chaleur après avoir été confronté au mordant de l’hiver.  Devenir ambulancière, de l’action et aider les autres, sans trop d’angoisse dans tes études, c’était ce qu’il te fallait. Alors tu t’y étais plongée, en ne disant rien à personne, voulant leur faire une surprise, tu avais réussi haut la main. 8 une famille, un boulot, mais jamais l’amour. Des aventures par ci et par là. Phobique de l’attachement, la peur de laisser de nouvelle personne pénétrer dans ta vie, dans ton cœur. Sans jamais t’aventurer en t’élançant dans une histoire qui pourrait faire vibrer ton cœur. La peur de t’attacher, de perdre une personne, cette crainte de perdre quelqu’un, alors parfois tu laissais sans doute passer de bonne chance à l’amour, marasme envers ton cœur, tu avais trop peu envie de succomber à tes démons en récupérant de nouveau maux. Tu t’accrochais mentalement pour ne surtout pas retourner dans ces sables mouvants dans lesquels tu te détruisais durant ton enfance et ton adolescence. Les angoisses toujours présente, comme ancrée dans tes tissus, tu devais vivre avec, mais tu le faisais à merveille.  9 à vingt-cinq ans, tu avais laissé Jordan pénétrer dans ton cœur, tu n’avais pas songé que ton cœur puisse saigner avec lui. Doux et gentil, il avait attendu longtemps avant que tu ne le laisses rentrer, tu avais comme céder à cette relation d’un ennuie certains que tu te persuadais d’être celle qui t’allait. Il était bon, mais sans plus. Tu faisais comme les autres, ton sourire qui dansait, tu avais surtout par peur de chuter de cette histoire comateuse, tu savais que tu pouvais évoluer tranquillement vers cette envie qu’avait les autres. Une vie de famille,  celle que tes pères t’avaient offert, démontrant que le danger ne rimait pas avec amour. Cette histoire ne te ressemblait pas vraiment. Tu manquais d’engouement, de folie, ce qui était pourtant toi, maussade dans cette histoire, pourtant la fin fut brisante et sans nul doute déstabilisante. Tu ne pensais pas être vexée, plus que touchais. Les larmes d’amertume qui avaient coulé le long de tes joues, car tu te sentais souillés par cette nouvelle qui t’annonça au téléphone, qu’il ne reviendra pas, préférant succomber à la séduisante envie d’être ailleurs, acceptant une promotion, te l’annonçant le soir de votre anniversaire après deux ans de bon et loyaux services. Le cadeau consommé dans la nuit, avant qu’il te délaisse le matin, tu avais été laissé dans ton lit comme inerte, meurtrie par la situation, l’abandon qui te revenait en pleine face.  10 le battement de mon cœur que tu entends, la peur rongeant mon être. Le test en main, tu ne sais retenir tes larmes, de joie, de peur, tu ne sais plus quoi penser. Enceinte. Tu savais que c’était d’au moins deux mois, cela faisait deux mois que tu refusais de t'amourachée de corps. Après cette erreur avec Jordan, tu étais tombée dans les sillages de ce barman Zadig, glissant dans ces bras pour une nuit, te souvenant que la nuit fût folle, mais que comme toujours tu avais juste disparu dans les airs, glissant loin de cet homme et de son bar. Depuis, tu ne sortais plus, te délaissant dans le boulot, dans ces soirées netflix, essayant d’oublier cet état de mal être dans lequel tu étais, tu n’avais même pas prévenu, que Jordan ne serait pas là, qu’il ne reviendrait pas, lui qui filait déjà le parfait amour ailleurs, il n’avait pas tout dit, le cœur déchiré, bafoué, tu ne savais même plus quoi penser, avec la peur de succomber à ton mal être et à cette nouvelle que tu ne pensais pas découvrir de la sorte. Tu serais à la hauteur, assez douée pour ça ? tu commençais déjà à douter.